chers amis,

Il faut croire les hommes politiques quand ils nous parlent!
Mardi dernier 26 août (2014), Monsieur Emmanuel Macron a été nommé ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique dans le gouvernement Manuel Valls 2.  Quelques heures avant sa nomination, il a donné une interview à l’hebdomadaire Le Point, dans lequel il déclarait “Le destin de la France est trop important pour être confié à quelques-uns qui n’ont jamais croisé la réalité de la vie économique contemporaine”. Entendez — et comprenez — Emmanuel Macron, lui, il a croisé la réalité de la vie économique contemporaine.

Car vous l’ignoriez jusque là, mais c’est lui, Emmanuel Macron, qui a été mis à la porte quand l’abattoir de volailles a fermé un 26 décembre.  C’est lui qui est allé de stage bidon en stage bidon — les seuls qui en ont vraiment bénéficié ont été les propriétaires de l’entreprise de consultance, mandatée par Pôle emploi.  C’est lui qui a négocié dur avec son propriétaire, quand il a eu du mal à payer les retards de loyers.  C’est lui qui a reporté les rendez-vous chez le chirurgien-dentiste, dont ses enfants avaient pourtant besoin.  C’est lui qui a annulé ses vacances d’été, chez sa tante, à l’autre bout du pays.

Mais aucune situation n’est jamais tout-à-fait désespérée.  Grâce à quelques formations, suivies sur internet, et les tuyaux d’un copain, rencontré à l’ENA, il a pu entrer en 2008 dans la banque d’affaires Rothschild et Cie, où on lui a confié le dossier des négociations entre l’américain Pfizer et le suisse Nestlé, conclues le 23 avril 2012 par une transaction de 9 milliards d’euros pour l’achat, par le dernier nommé, de la division aliments pour bébés du premier.  La banque d’affaires et son négociateur y ont bénéficié de quelques commissions bien méritées.  Dès le mois suivant, devenu euromillionnaire, Emmanuel Macron a pu intégrer l’Elysée comme Secrétaire général adjoint.  Vingt-sept mois plus tard, le voici ministre.

Je le crois profondément sincère, quand il nous déclare qu’il faut avoir croisé la réalité de la vie économique.  Le problème, c’est qu’il prend l’économie virtuelle, celle où il n’y a ni biens, ni personnes, mais seulement des flux de chiffres, pour la réalité.

cordialement,

jef