mémorial de l’internement et de la déportation

 

Compiègne est en quelque sorte un concentré de l’histoire de France. C’est à Compiègne (près de la gare actuelle) qu’en 1430 Jeanne d’Arc fut faite prisonnière par des Bourguignons, qui l’ont vendue aux Anglais. C’est dans la forêt de Compiègne (la Clairière de Rethondes) que furent signés les armistices de Novembre 1918 et (la revanche d’Hitler) Juin 1940. C’est dans cette même forêt que se trouve le château de Pierrefonds, construit au 14ème siècle pour le duc Louis d’Orléans, démantelé au 17ème siècle et reconstruit, plus vrai que vrai, entre 1858 et 1885, par Eugène Viollet-le-Duc sur ordre de l’empereur Napoléon III. [En 1832, les ruines romantiques du château avaient également permis d’exprimer les rêves belges de la royauté française; c’est là que le roi Louis-Philippe a offert un banquet pour célébrer le mariage de sa fille Louise avec le premier roi des Belges, qui venait d’être couronné l’année précédente.] Et c’est dans la ville même que se trouve le Palais de Compiègne, ancienne résidence royale et impériale, qui a pris sa forme actuelle au 18ème siècle, dernier avatar d’une série de châteaux royaux d’une ville toujours très appréciée et fréquentée par les rois de France, dès le 5ème jusqu’au 19ème siècle.

Mais Compiègne, c’est aussi, en limite de la ville, le camp de Royallieu, Mémorial de l’internement et de la déportation.
Je me souviens d’avoir lu, sur place, des fragments de l’origine royale, plus ancienne, de ces lieux— une villégiature? — mais je n’en retrouve rien. Toujours est-il qu’en 1913 fut créée à Royallieu une caserne militaire, que dès le mois de Juin 1940 et la défaite française l’armée allemande a utilisée pour regrouper des prisonniers de guerre. À partir de l’année suivante (Juin 1941) ce Frontstalag 122 est devenu un ‘camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs’ et une réserve d’otages: des prisonniers politiques, des Résistants, des Juifs, des ressortissants étrangers, et des civils pris dans des rafles. Quelque 45 000 personnes ont transité par ce camp avant d’être déportées vers les camps de concentration ou d’extermination nazis. Très peu en sont revenues. C’est à partir de Royallieu, seul camp d’internement en France à avoir été  sous autorité allemande dès le début de la guerre, qu’en mars 1942 un premier convoi de mille Juifs est parti vers Auschwitz-Birkenau. Une trentaine d’autres convois ont suivi.

Il a fallu attendre 2006 et la fermeture de la caserne pour voir naître dans trois bâtiments préservés (sur les 25 initialement présents) le Mémorial de l’internement et de la déportation. Un monument commémoratif s’y trouvait déjà. Sa visite, extrêmement sobre au regard de l’horreur de ces lieux, se complète utilement de celle de la gare de Compiègne, où sur une voie latérale sont installés deux wagons de déportation.

Voici quelques images du camp de Royallieu.