> “Je ne voudrais pas que demain l’Union européenne se compose de 95 États membres” a déclaré le président de la Commission européenne et représentant du Grand-Duché du Luxembourg, Jean-Claude Juncker.
Il comprend bien l’intérêt de son pays. Malgré sa petite taille (0,11% de la population de l’Union, douze fois moins que la Catalogne), le Luxembourg occupe une place de choix dans le dispositif de gouvernement européen. Cette petite taille — petit territoire, grands effets frontaliers — lui permet de mener une politique fiscale agressive, et de bloquer à Bruxelles ou Strasbourg toute harmonisation qui lui serait endommageable. Jean-Claude Juncker, en tant que premier ministre de son pays de 1995 à 2013, a joué un rôle important dans le développement et la stabilisation de ce vaste dispositif légal d’évasion fiscale.
Le Luxembourg n’a qu’une seule chose à craindre, qui menacerait ce droit acquis: la multiplication des petits, ou même moyens pays, tels la Catalogne.
Quoi qu’on peut penser de la question catalane, Juncker joue la carte luxembourgeoise, pas celle de l’Europe.
“Nous n’avons pas à nous insérer (sic) dans ce débat hispano-espagnol (re-sic)” aurait-t-il également déclaré.
Certain que ce choix de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays, confronté à un grave conflit, va faire des heureux sur les cinq continents, où l’Union pouvait avoir tendance à s’ingérer, contre l’avis des pouvoirs établis. (Vous remplirez vous-même la liste des pays concernés. Afrique Noire, Moyen Orient, Europe de l’Est…)
On se souvient que dans le débat sur la ratification du CETA (le traité commercial avec le Canada), le même Juncker avait jugé la Wallonie trop petite pour avoir un avis (là, il est constant dans ses opinions), et avait conseillé à la Belgique de >revoir son organisation institutionnelle et ses processus de décision (ici, pour la non-ingérence, il se contredit). Avoir un nain à la tête d’un demi-continent peut boucher l’horizon.