acht fotos buren in tijden van corona

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À travers ces quelques photos, je veux partager avec vous comment se comporte mon quartier en temps de corona. Pas trop mal, je dirais. Avec les draps aux fenêtres, les dessins aux grands cœurs, les ours et les ballons…
Ce que vous ne voyez pourtant pas sur mes photos, c’est les gens: les promeneurs, les cyclistes, les gens dans le parc, ou installés sur une chaise devant chez eux, sur le trottoir — comme je ne l’avais plus vu depuis fort longtemps. Je ne suis pas doué pour la photographie des gens, surtout inconnus, et, de surcroît, nous mouvons tous sur les limites de ce qui est permis. En ces temps de corona. Autant ne pas prendre en photo.

L’urbaniste Nicolas Soulier a publié en 2012 Reconquérir les rues. Ses collègues, dont moi, l’ont tous lu, mais pas assez appliqué. Il y plaide pour les “frontages” (les jardinets donnant sur la rue) comme espaces de transition entre les habitations (privées) et la rue (publique). Ce que dans une ville comme Montréal on voit bien. [Lisez ici mon reportage photo au sujet des rues de Montréal.] La qualité et l’habitabilité d’une rue dépend beaucoup de ces espaces de transition, et de la façon dont ils sont aménages et utilisés. Elle dépend aussi de l’échelle des bâtiments, où chaque porte dessert un nombre limité de logements: il y a beaucoup de portes dans la rue, elles se suivent à courtes distances, les fenêtres et les balcons donnent sur la rue, et aucun logement n’est trop éloigné (placé en grande hauteur), car pour ceux qui habitent trop haut, la rue n’existe même plus. Les “frontages” sont végétalisés (j’évite le verbe “plantés” et ses contresens), et ils accueillent les vélos, les poubelles et les rampes d’accès, voire quelques tables et bancs pour s’asseoir dehors. On y est à la fois dehors et dedans, et on peut bavarder avec un passant sans sortir de chez soi ou de l’y accueillir.
Ce que j’ai vu lors de ma promenade “corona” confirme les idées de Nicolas Soulier: on aperçoit très peu d’ours, de draps ou de dessins aux fenêtres des grands immeubles, qui parfois ne donnent même pas sur une rue.