Les jeux sont faits, les dés jetés. L’AEM sera à Amsterdam, et l’ABE à Paris: l’Agence Européenne du Médicament et l’Autorité Bancaire Européenne, qui quitteront Londres.

Amsterdam et Paris, ce sont les deux villes du continent qui avaient le moins besoin de ce remontant. Le lendemain, ou la semaine suivante, nous lirons dans les journaux que les logements y sont hors de prix, les pauvres repoussés dans des quartiers mal famés, les routes et les trains saturés, l’espace public encombré, l’air pollué.
Dans les mois prochains, peut-être nous parlera-t-on également de la politique européenne de développement — la politique de convergence — et des moyens conséquents, le FEDER, pour réduire les écarts entre les régions les plus “performantes” et celles “en retard”. [Ce FEDER, c’est environ deux cents milliards d’euros pour une période de six ans. Je dis environ, car il n’est pas aisé de trouver le chiffre précis.]

Après le Brexit, deux décisions importantes devaient être prises — parmi d’autres —, deux décisions qui sont aussi des actes majeurs d’aménagement du territoire.
Or, l’Europe, quand il s’agit vraiment d’aménagement et de développement de son territoire, elle préfère ne rien décider. Elle préfère un jeu, mi hasard, mi combines, dans lequel chaque joueur, ou presque, théorie de l’attractivité et de la concurrence aidant, avance son meilleur pion. Puis, on joue.
Alors, ce sont deux villes, deux métropoles déjà puissantes, capitales dans la petite Europe, à un jet de pierre de Bruxelles, qui ramassent la mise. Et attrapent l’aubaine dont elles n’ont pas besoin.

Aménager et développer le territoire européen n’implique pas que de l’argent, même 200 milliards d’euros, mais exige aussi de véritables décisions. De telles décisions ne se prennent pas sans processus réflexif, pesant et repesant les avantages et les inconvénients à la lumière de critères préalablement définis. Cela, aussi simple, n’a pas été fait.
Le 20 novembre fut une défaite pour l’Europe. Une de plus.