>“Le pôle Nord magnétique perd la boussole” écrit le journal Le Monde le 19 février 2019.  “Il y a du grabuge dans l’Arctique. Pas une énième querelle entre ours et phoques, mais une escapade vers l’est du pôle Nord magnétique, qui se dirige depuis le Canada vers la Sibérie,” précise-t-il sous la plume de Fabien Goubet.
Vers l’Est! ce que doit montrer la carte jointe, que l’on trouve aussi, sous une forme légèrement différente, sur >Wikipedia.

La carte du Monde ne donne ni latitudes, ni longitudes, que j’ai complétées à l’aide d’un atlas. Voici le résultat. (La boussole en haut à droite de la carte du Monde est une bonne blague, car le Sud n’est pas qu’en bas, il est partout.)

Plus on s’approche du pôle Nord (géographique), plus il est risqué de parler d’Est et d’Ouest. Toutefois, il apparaît à la lecture de la carte que le Nord magnétique se déplace de plus en plus rapidement vers l’Ouest! Un phénomène qui n’est pas seulement dû à l’accélération du déplacement (55 km par an, contre 15 km aux années 1990), mais aussi aux lois de la géométrie. Près des pôles, les petits pas font de grands mouvements. Si entre 1900 et 1990 le Nord magnétique s’est lentement déplacé, surtout vers le Nord (de 70° N à presque 80°N) et un peu vers l’Ouest (à 110°W), en l’an 2010 il se situait à une latitude de 120°W et en 2015 déjà à 150°W, pour être attendu à 180°W (ou 180°E, car c’est la même chose) en 2020. S’il continue ainsi (ce qui n’est jamais sûr), il entrera ensuite dans l’hémisphère Est, toujours par un déplacement vers l’Ouest.

2001: 81° 18′ N, 110° 48′ W
2005: 82° 42′ N, 114° 24′ W
2007: 83° 57′ N, 120° 43′ W
2015: 86° 27′ N, 136° 59′ W
2017: 86° 05′ N, 172° 06′ W

Sans doute, vu de Paris (ou Londres, Bruxelles, etc.), ou vu du boulevard Auguste Blanqui (siège du journal Le Monde, tout près de l’Observatoire de Paris), ce déplacement se présente comme un déplacement vers l’Est (et, toujours vue de Paris, la Sibérie est à l’Est), mais Paris n’est pas le monde, et Le Monde non plus.

Il ne suffit pas de s’appeler Le Monde pour dépasser son franco- (ou euro-) nombrilisme.