Jef Van Staeyen

Étiquette : politique & société (Page 5 of 27)

voisins en temps de corona ❧

acht fotos buren in tijden van corona

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À travers ces quelques photos, je veux partager avec vous comment se comporte mon quartier en temps de corona. Pas trop mal, je dirais. Avec les draps aux fenêtres, les dessins aux grands cœurs, les ours et les ballons…
Ce que vous ne voyez pourtant pas sur mes photos, c’est les gens: les promeneurs, les cyclistes, les gens dans le parc, ou installés sur une chaise devant chez eux, sur le trottoir — comme je ne l’avais plus vu depuis fort longtemps. Je ne suis pas doué pour la photographie des gens, surtout inconnus, et, de surcroît, nous mouvons tous sur les limites de ce qui est permis. En ces temps de corona. Autant ne pas prendre en photo.

L’urbaniste Nicolas Soulier a publié en 2012 Reconquérir les rues. Ses collègues, dont moi, l’ont tous lu, mais pas assez appliqué. Il y plaide pour les “frontages” (les jardinets donnant sur la rue) comme espaces de transition entre les habitations (privées) et la rue (publique). Ce que dans une ville comme Montréal on voit bien. [Lisez ici mon reportage photo au sujet des rues de Montréal.] La qualité et l’habitabilité d’une rue dépend beaucoup de ces espaces de transition, et de la façon dont ils sont aménages et utilisés. Elle dépend aussi de l’échelle des bâtiments, où chaque porte dessert un nombre limité de logements: il y a beaucoup de portes dans la rue, elles se suivent à courtes distances, les fenêtres et les balcons donnent sur la rue, et aucun logement n’est trop éloigné (placé en grande hauteur), car pour ceux qui habitent trop haut, la rue n’existe même plus. Les “frontages” sont végétalisés (j’évite le verbe “plantés” et ses contresens), et ils accueillent les vélos, les poubelles et les rampes d’accès, voire quelques tables et bancs pour s’asseoir dehors. On y est à la fois dehors et dedans, et on peut bavarder avec un passant sans sortir de chez soi ou de l’y accueillir.
Ce que j’ai vu lors de ma promenade “corona” confirme les idées de Nicolas Soulier: on aperçoit très peu d’ours, de draps ou de dessins aux fenêtres des grands immeubles, qui parfois ne donnent même pas sur une rue.

un logo, et ce qu’il révèle

En septembre 2016, dans un article en néerlandais sur ce site, wat logo’s vertellen  (ce que racontent les logos), je critiquais celui choisi par Hillary Clinton pour sa campagne présidentielle.
Avec son logo, elle semblait vouloir transformer une victoire annoncée en défaite. On peut discuter si deux mois plus tard elle a gagné (48% des votes contre 46), ou perdu (227 grands électeurs contre 304), toujours est-il qu’en janvier 2017, c’est son adversaire Donald Trump qui est devenu président. Personne n’y avait cru.
Clinton a multiplié les maladresses, et le logo n’en était qu’une petite. Il n’empêche: il était laid, et il portait plusieurs messages contraires aux attentes de son électorat. Une flèche vers la droite en couleur rouge des Républicains qui écrase la lettre H de Hillary en couleur bleue des Démocrates, et un jeu de portes à la façon des issues de secours — j’arrive et je repars en courant. Alors qu’une campagne présidentielle mobilise de grands moyens financiers et humains, on ne comprend pas pourquoi l’équipe Clinton n’ait pu créer un logo qui soit à la fois beau et porteur de valeurs.

[Dans le même article, je montrais le logo du sommet européen de Bratislava. Sans  surprise on avait choisi comme lieu et symbole de cette rencontre le château fort qui domine la ville et en est la fierté. Les 27 drapeaux des états et celui de l’Union réunis affichaient l’Europe comme une forteresse.]

 

logo business france

Voici le logo de Business France, l’agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française.
Qu’est-ce qu’on y voit, hormis l’avenant bleu-blanc-rouge avec lequel il est difficile de se tromper? Le logo se mémorise facilement (mieux que celui de Clinton), et il est français. Ce sont des atouts importants quand on s’appelle Business France.
Mais au-dela? Est-il beau?  Que dire de la forme blanche qui se crée entre le bleu et le rouge (et qui sur d’autres logos officiels dessine une silhouette de Marianne)? On voit deux forces qui s’ignorent et s’annulent. Elles sont opposées — encore que le hasard tricolore oriente le bleu vers la gauche et le rouge vers la droite — et n’arrivent pas à sortir du rectangle qui représente le pays.
Comprenez: beaucoup d’efforts, mais qui se brident. Le pays est divisé, il est soumis à des ambitions contraires, et l’internationalisation recherchée ne dépasse pas ses propres frontières. Ce logo est ambigu: facile à reconnaître, facile à identifier, peut-être même à se rappeler, mais porteur de messages qui ne sont pas ceux qu’il faudrait.

[En France, l’agence Business France est surtout connue pour l’affaire éponyme (Las Vegas, janvier 2016) dont on attend les suites et les conclusions.]

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