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Fin avril, début mai, j’ai effectué un voyage dans sept villes du Nord de l’Italie. Outre Turin, que je connaissais déjà, il s’agissait de Gênes, La Spezia, Parme, Modène, Ferrare en Plaisance. Quinze jours, ou presque, de beauté et d’élégance, d’amabilité et de fiabilité, de propreté, et de saveurs. Presque, je dis, parce qu’il y avait quelques (très rares) exceptions.

Sur le versant néerlandais de ce site web, j’ai publié une série d’articles, que je ne reprends pas ici — le bref texte ci-dessus en est un extrait.
Je reprends plutôt, légèrement modifiés, les messages que j’ai envoyés pendant mon voyage, et qui ont inspiré ces articles. Le rythme est très irrégulier, ce qui est entre autres dû au fait que quelques messages se sont effacés de mon nokia… avant d’être envoyés. Ce qui a pu me décourager à en écrire d’autres.

* * *

[départ pour Turin en TGV le matin du vendredi 27 avril — séjour à Turin le 28 — nouvelle visite de la ville, y compris la Basilica di Superga, par la Cremagliera, et le Monte dei Cappucini, tous les deux dans les brumes — et puis des voyages en tram dans les périphéries — sans oublier la flânerie et reflânerie, car c’est pour flâner que Turin est conçu, sur la via Po, la via Petro Micca, la piazza San Carlo, etc.
Ensuite: Gênes. Le contraste avec Turin ne peut être plus grand.]

Gênes, dimanche 29 avril, en début d’après-midi
— Arrivé à Gênes —
Bonjour les enfants,
Je viens d’arriver à Gênes, où ma chambre est au 7ème étage d’un hôtel en plein centre ville. Elle est trois fois plus petite que celle que j’ai eue à Turin, mais ici tout doit être plus étroit qu’à Turin, mis à part les églises et les palais qui sont aussi surdimensionnés. Le train que j’ai pris ce matin aurait pu m’amener jusqu’au Sud. Sa destination était Salerno, où je ne suis plus allé depuis 1971 (avec le lycée). [Ici, je confonds Salerno et Sorrento, qui sont voisines l’une de l’autre…]
Je suis en train de lire le Voyage en Italie de Goethe, certes un autre trajet que le mien (et au début plus près de celui fait avec Hugo en 2010: Vérone, Vicence, Padoue, Venise, Bologne, Florence), et je vais faire comme lui: après quelques brèves observations faire des constats généraux et définitifs…
Dans le Nord de l’Italie, les architectes sont des chapeliers. Leur principale préoccupation semble être la toiture de la maison ou de l’immeuble, surlignant les débords de toiture et les corniches. Ceci dit, ayant revisité hier Turin, y compris ses quartiers plus périphériques (le tram sert à ça), je dois dire que les urbanistes et architectes turinois ont fait du bon travail (sauf ces 50 dernières années…). Turin est une ville industrielle, comme Lille, mais la différence est énorme (en défaveur de Lille).
Question tram, en un jour je suis devenu un expert, à l’occasion renseignant d’autres voyageurs (italiens… qui me demandaient par où était le centre), à d’autres occasions sautant dans le premier tram venu (pas le temps de vérifier où il va) pour demander ensuite aux autres voyageurs la destination et où changer pour aller au centre. Les gens sont aimables. (Un peu moins quand ils sont en voiture: plus l’habitude de tous ces coups de klaxon. Ce qui me fait penser que les Italiens ne connaissent pas, ne subissent pas les nuisances sonores…, car le bruit, ils aiment.)
Enfin, pour conclure avec une bêtise sur Gênes, ville que je vais découvrir maintenant. Cette ville honore celui qui s’est rendu mondialement célèbre en… la quittant.
Votre “Goethe” à vous.
P.S. Je lis que la 1ère fois qu’il a vu Florence, Goethe y a passé 3 heures. Il a fait plus fort que Hugo et moi, je pense, entre notre train venu de Pise, et l’autre partant pour Bologne.
P.S.2 Petite expérience génoise, sur le court chemin entre la gare et l’hôtel. Sirènes de police. On arrête la circulation… pour faire passer le bus de l’équipe de foot.
Gênes, dimanche 29 avril, le soir
— Arrivé à Gênes (suite) —
Bonjour les enfants.
Le 7ème étage j’ai dit. Je l’ai vérifié par l’escalier de l’hôtel. Mais sur la façade, ma fenêtre est au 4ème, une énigme que j’aurai du mal à résoudre.
Il y a beaucoup à voir, même sans visiter l’aquarium, les musées… Giulio, un vieil homme assis sur un banc du port, [immigré du Mezzogiorno], parlant bien le français, m’a donné suffisamment de conseils pour que je ne pourrai tout faire. Et puis, il y a au-delà des rues étroites et pittoresques, des architectures toutes en hauteurs, comme si on avait superposé des villes les unes sur les autres, comme dans un dessin de Escher.
Pour l’anversois et amateur d’art que je suis, il y a une expo “Van Dyck et ses amis”, dans un des palais qui font la fierté de Gênes. Remarquez, à Turin, on faisait la publicité pour une autre expo “Titien, Van Dyck et autres chefs d’œuvre” (capolavori) dans le château royal à 30km [sic] de la ville, que j’ai visité il y a 3 ans.
Précision : je ne suis pas Goethe (si mon précédent message avait pu faire croire).
Je viens de lire quelques très sages idées, en quelque sorte l’éloge du tourisme. Il vient d’arriver à Rome, dont il a toujours rêvé. “Le retour sera doux. Il le sera d’autant plus que je n’emporterai pas, je le sens bien, tous ces trésors pour les posséder seul, pour en user seul, mais qu’ils seront pour d’autres et pour moi, durant toute la vie, des guides et des encouragements.”
J’ai aussi quelques photos d’une troupe de théâtre inventant une pièce dans les ruines d’une église.
La météo est bien organisée : il pleut les nuits.
À la prochaine.

C’est ici qu’un (long) message sur Gênes s’est perdu (comme on se perd dans les rues de cette ville — c’en était un des sujets).

 

italia2018.028  Voici quand-même quelques photos de Gênes.

italia2018.045  Et comment Gênes tend la main au ciel bleu,

italia2018.041  et voit l’avenir en rouge.

La Spezia, jeudi 3 mai, 10h11 (dans le train pour Parme)
— La Spezia, Parma —
La Spezia.
Il pleut.
Cette ville est dangereuse. Il y a des orangers dans la rue de la gare. Certains sont en fleurs. Ça sent très bon! Mais d’autres portent des fruits (!) qui, très mûrs, tombent sur les trottoirs. Je m’en méfierais.
Dans quelques instants mon train partira vers Parma. J’espère que le soleil finira par y arriver aussi. Jusque-là, la météo facilite (un peu) les bagages. Je porte les vêtements sur moi…
Ce vieux train local est presque vide. Ils ont de la chance de m’avoir comme voyageur. J’espère que le paysage sera beau. Le soleil ne risque pas de jouer avec la poussière sur les vitres.
Je pense à vous.
Parme, jeudi 3 mai, le soir
— Gens bons de Parme —
Bonjour les enfants,
Autant vous dire, la journée d’hier à La Spezia n’était pas vraiment une réussite.
Un temps pourri, un musée qui ne m’a pas plu, un repas pas bon et trop cher payé et un hôtel quelconque (certes moins cher que les autres)…
Mais aujourd’hui à Parme, je suis heureux.
Quelle belle ville, et agréable. Puis, peu de touristes. Ceux qu’il y a sont surtout des scolaires italiens. Puis, à Parme, on mange bien. Je devrais l’essayer un jour : une fine tranche de bœuf, du jambon (de Parme), du parmesan, et on enroule tout (on fait un lanière de 2cm de large, enrouler jusqu’au format d’un steak) puis au four.
Enfin, j’oublie [de mentionner] les monuments (toutes les églises), le baptistère, etc.
Et le B&B dans une maison ancienne, à deux pas de la cathédrale.
J’espère que vous allez très bien. Et, comme je viens de le constater, [pour moi,] encore une fois: si, parfois, pas aujourd’hui, alors certainement demain.
(un peu plus tard)
Et j’ajoute que je suis assis sur un banc en face de la cathédrale, profitant d’une timide douceur retrouvée. De temps à autre, quelqu’un passe, j’entends les pas sur les pavés.
Et je pense à vous.

italia2018.031  Ici quelques photos de Parme

italia2018.033  et quelques autres de Modène, dont je n’ai pas de message. (Comme je l’ai expliqué, le rythme est très irrégulier, moins bien que Goethe.)

Ferrare, lundi 7 mai
— Ferrara —
IMG_20180507_162853-b.001  (:-)

italia2018.032  Voici des photos de Ferrare…

Plaisance, vendredi 11 mai, midi (dans le train, à ma sœur, traduit du néerlandais)
— Piacenza —
Plaisance fut une réussite, bien que certains habitants (et certains voyageurs d’Italie) ne comprennent pas ce qu’on vient y chercher. N’y avait-il que le Botticelli.
Pour ce qui me concerne, ça peut rester ainsi.
Les trois autres [villes-sœurs] étaient également formidables: Ferrare, Modène et surtout Parme. La Spezia était une erreur dans mon programme (la pluie n’a pas aidé…) et au sujet de Gênes, mon opinion est partagée (et le vent a empêché une sortie en mer…).
Le train à Plaisance est prêt à partir pour Milan, pour une concordancia, ou quelque-chose de ce genre [coincidenza] vers Turin, mon terminus. Ce train en provenance de Bologne est arrivé ici avec une AVANCE de 10 minutes sur l’horaire.

italia2018.039  et de Plaisance.

italia2018.009  Une attention particulière pour la ferronnerie d’art de Plaisance.

Turin, vendredi 11 mai, 22 heures
— De Turin à Turin —
Bonsoir les enfants,
Ce soir, je conclus mon périple italien où je l’ai commencé, à Turin.
Alors que, depuis quelques jours, je commençais à trouver le bon rythme. J’aurais pu continuer.
Marion ne m’en voudra pas de ne pas avoir visité le Salon du Livre qui se tient ces jours-ci à Turin, au Lingotto. Mais des librairies, il y en a beaucoup en ville, ici à Turin, comme dans les autres villes où j’étais.
Hugo ne m’en voudra pas de ne pas avoir visité de stade de foot, ici à Turin (la Juventus) ou à Gênes (Sandoria, et l’autre), et de ne pas avoir suivi le championnat. Mais des trams, j’en ai pris. Ils sont toujours aussi vieux (je corrige: ils ont pris 8 ans de plus), et bruyants.
Pour penser à la visite de Lucca [il y a 8 ans], j’ai loué un vélo à Ferrara, pour faire le tour de la ville sur les fortifications.
J’ai vu (vous vous imaginez), beaucoup d’églises et beaucoup de musées. Mais alors qu’au Louvre les gens se pressent les uns contre les autres pour apercevoir un bout d’un tableau de Leonardo da Vinci, à Piacenza (Plaisance), j’étais seul avec un superbe tableau de Botticelli (à mon avis supérieur à la Joconde que je viens de mentionner). J’étais même seul au musée, le Palazzo Farnese, un monstre inachevé (la “faute” aux Flamands du 16eme siècle, car c’est Margaretha d’Autriche qui l’a fait construire, mais le roi Philippe 2, à Madrid, l’a envoyée à Bruxelles quand les Flamands se révoltaient contre le pouvoir catholique et espagnol).
Quoi qu’il en soit, même en dehors de ce Botticelli (la vierge Marie, le bébé Jésus et Jean-Baptiste), ils ont de très beaux tableaux.
Mais le plus beau c’était quand-meme Parma, pas uniquement pour le fromage (petite blague avec des Italiens de Suisse, que je vous raconterai), ou pour le jambon, mais pour la ville toute entière (je pense vous avoir parlé du “steak” que je vais essayer d’imiter). La façade de la cathédrale, je peux la regarder longtemps, tant sa beauté simple m’intrigue.
Je vous ai parlé de Goethe, ma lecture de voyage. Ce soir, je viens de finir le livre. Je vous avais écrit ce qu’il dit du tourisme. Et bien, il n’a pas respecté ce qu’il mettait en avant, car il essaie de ramener plusieurs beaux objets avec lui en Allemagne.
Moi je ramène quelques photos, très inégales, et beaucoup de souvenirs.
Et je pense beaucoup à vous.
Samedi 12 mai, dans le TGV Paris-Lille
— Les ‘suisses’ et le parmesan —
Voici la petite histoire des “suisses” et du parmesan.
Dans mon périple, je suis descendu dans 6 hôtels, très inégaux, et surtout choisis sur la localisation et le prix, et j’étais dans deux B&B. Dans les hôtels, pour le petit déjeuner, on a un choix plus ou moins large, mais dans les B&B, le petit-déjeuner est italien : des sucreries.
Ainsi, à Parma, des gâteaux, déjà très sucrés, avec en plus une dose de confiture dedans. Voila pourquoi, au deuxième B&B, à Plaisance, je demandais, “innocemment”, s’il y aurait aussi du pain, du beurre et du fromage. “Non”, me répondit la dame (mais plus aimablement que je l’écris ici) “en Italie, au petit-déjeuner, on ne mange pas salé”. Je fus donc très agréablement surpris, le lendemain matin, quand sur la table il y avait, dans une petite assiette, quelques morceaux de parmesan. J’en ai mangé.
Or, ce même matin à Plaisance, il y avait aussi, au B&B, deux italiens d’un certain âge (le mien ?). J’ai essayé une conversation, mais ils ne parlaient ni français, ni anglais, quant à mon italien… Mais pourquoi pas en allemand ?
Nous avons donc poursuivi notre conversation en allemand. Depuis une quarantaine d’années, m’ont-ils dit, ils exploitent une pizzeria en Suisse alémanique, et ils étaient à Plaisance pour visiter, à Parme, la grande foire des métiers de bouche. “Pour vendre ou pour acheter?”. “Pour regarder et imiter”.
Après quelque temps, l’un d’eux me demanda si j’avais déjà essayé le fromage (auquel ils n’ont pas touché, préférant la confiture). Je répondis que j’en avais déjà pris, et que je connaissais bien ce fromage. “Désolé de le dire à des Suisses, ai-je ajouté, mais ce fromage est le meilleur du monde”. J’ai eu droit à un petit sourire.
D’étonnement ?

italia2018.044  De Turin, j’ai réuni mes photos de 2010, 2015 et 2018.

italia2018.042  Pour compléter, voici quelques photos des couleurs des villes,

italia2018.038  des cloîtres,

italia2018.043  et de la lumière dans les églises. Peut-être y aura-t-il plus tard un texte au sujet de l’art dans les églises. Vaste sujet.

   Et voici une petite sélection d’une vingtaine de photos de mon séjour en Italie en 2010: Pise, Lucques, Florence, Bologne, Padoue, Vicence, Venise, Vérone et Milan.

  Un peu plus loin dans le temps, les photos d’un voyage scolaire en Italie, en 1971: Florence, Paestum, Pompeï, Rome, Assise, Ravenne et Venise.