Jef Van Staeyen

Étiquette : mobilité (Page 3 of 5)

analyse architecturale d’un abri pour voyageurs de bus

Voilà un objet quotidien dont nous ignorons les immenses qualités: l’abri pour voyageurs de bus.

L’abri pour voyageurs de bus appartient à une catégorie supérieure d’architecture.
Sa fonction est contradictoire: il doit abriter, mais pas trop, il doit permettre de s’asseoir, mais pas trop confortablement, et il doit informer, mais pas trop bien. Sa forme exprime parfaitement toutes ces contradictions, ainsi que les principes constructifs qui le portent et les conditions de son financement.
Cette forme, enfin, devient signification, car tout un chacun sait que c’est près de l’abri que s’arrête le bus.
Peu de constructions actuelles atteignent ce niveau de plénitude et de perfection architecturales:
forme = fonction = construction = signification.

Lisez ici une analyse architecturale plus complète, une nouvellle contribution dans la série AAA.

éloge de l’écrivain visionnaire

images-POOH

Suddenly Winnie-the-Pooh stopped, and pointed excitedly in front of him. “Look!”
“What?” said Piglet, with a jump. And then, to show that he hadn’t been frightened, he jumped up and down once or twice more in an exercising sort of way.
“The tracks!” said Pooh. “A third animal has joined the other two!”
“Pooh!” cried Piglet “Do you think it is another Woozle?”

“No,” said Pooh, “because it makes different marks. It is either Two Woozles and one, as it might be, Wizzle, or Two, as it might be, Wizzles and one, if so it is, Woozle. Let us continue to follow them.”

Winnie-the-Pooh et son copain Piglet suivent des traces de pieds (de pattes)… qui sont les leurs. Cet exemple montre que la célèbre scène de Dupond et Dupont dans Tintin et le Crabe aux Pinces d’Or (1940-1941) est plus ancienne qu’on ne pense, car A.A. Milne l’a écrite quinze ans plus tôt (1926) dans le chapître 3 de son Winnie-the-Pooh.

En langue savante, ce que montre A.A. Milne avec Winnie-the-Pooh (et plus tard Hergé avec Dupond et Dupont) s’appelle le biais cognitif de confirmation, conceptualisé en 1960 par le psychologue britannique Peter Wason (1924-2003). L’esprit humain privilégie les informations qui confortent ce qu’il pense — ici: nous sommes sur le bon chemin —, et rejette les informations contradictoires.

L’imagination de l’écrivain (Milne) et du dessinateur de bédé (Hergé) a précédé les travaux du chercheur scientifique (Wason). Ici, c’est un des artistes (Hergé) qui a le mieux su populariser l’idée — ses dessins sont célèbres —, le nom Wason et le terme biais cognitif de confirmation sont réservés aux sachants. Mais dans d’autres cas, c’est la créativité anticipatrice des artistes qui est méconnue, visionnaire et précurseur de ce que des scientifiques ont découvert et (dans un certain sens) popularisé des décennies, voire des siècles plus tard.
Ce texte donne trois exemples (peut-être que j’en trouverai davantage), avec Thoreau (la vitesse généralisée), Balzac (l’automobilité) et Steinbeck (la classe créative et la gentrification).

la joyeuse entrée de l’automobile en Belgique

Ce qui semble évident aujourd’hui — en tous cas pour les automobilistes —, la suprématie de la voiture dans l’espace public, ne l’a pas toujours été.
Une évolution extrêmement rapide — au fait: une révolution — a radicalement modifié le statut et l’usage des espaces publics il y a 100 ans.
Donald Weber le décrit très bien, et nous étonne par ce que nous ignorions, ou ne voulions pas savoir, dans >De blijde intrede van de automobiel in België (2010), un ouvrage très documenté basé sur >une thèse de doctorat en histoire à l’Université de Gand en 2008.

Pour le lecteur français, voici l’essentiel de l’ouvrage.

 

les chemins de fer du 21ème siècle: “ce n’est pas nous, c’est les autres”

En mai dernier, j’ai organisé un déplacement à Paris pour un petit groupe de collègues. Le service déplacements des agents m’avait fourni un billet de groupe, non échangeable. Je connais mes collègues, et la fiabilité des transports, et avais donc fourni une copie à chacun.
Le matin, au départ de Lille, nous n’étions pas au complet. Quelqu’un avait dû renoncer — raison de santé —, et une autre collègue — je l’ai appris par la suite — s’était vue bloquée sur le quai, devant la porte du wagon, par un contrôleur lui réclamant son billet. Le temps qu’elle ouvre ses affaires et en sort le papier, la porte s’était fermée. Sans que démarre le train.
Étant informé de l’incident, j’interrogeai gentiment la contrôleure, quand elle passa vérifier les billets. Je m’étonnai de l’attitude de ses collègues, qui avaient empêché la mienne de monter dans le train. “Quels collègues?” me demanda-t-elle, aussi gentiment. “Je n’ai qu’un seul collègue” me dit-elle, désignant l’autre contrôleur dans la rame. “Les agents sur les quais ne sont pas mes collègues.”
J’en étais surpris, mais ne réagis pas.

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